Vous êtes ici:

L’intérêt du Maïs grain humide et du maïs fourrage pour les éleveurs de porcs et de bovins

Par Jean Moullart | Publié le 19 Octobre 2012 à 16:51
L’intérêt du Maïs grain humide et du maïs fourrage pour les éleveurs de porcs et de bovins

La culture de Maïs Grain (MG) est en augmentation et est surtout importante dans le Sud- Ouest et l’Alsace. Le Maïs Grain Humide (MGH) est récolté essentiellement dans les zones d’élevages porcins et le maïs fourrage dans l’Ouest de la France (élevages bovins). Le MGH semble en pleine expansion même s’il est difficile d’avoir des statistiques fiables pour le moment (estimation à 100 000 ha mais sûrement plus proche de 200 000 ha).

Lancer la discussion sur le forum

La conservation et valorisation du MGH

Les 2/3 du MGH sont cultivés par des producteurs spécialisés en grandes cultures. Le MGH peut se retrouver conservé sous deux formes :

- L’ensilage : conservation de grains récoltés à 30 - 35 % d’humidité et broyés. Pour ce type de conservation il faut broyer fin et veiller à garder une humidité suffisante pour un bon tassement. Le stockage peut se faire en silos tour, couloir ou en boudin.

- L’inertage : conservation de grains entiers récoltés à 25 - 30 % d’humidité. Le maïs peut être conservé en silos tour, souple ou en big bag.

 

Dans tous les cas, le plus important est de récolter un maïs sain au bon moment et de ne pas réaliser de préstockage. Le silo doit être bien dimensionné, propre et en anaérobie donc étanche à l’air. La récolte doit être préparée en choisissant notamment la variété adaptée (indice de précocité). L’ajustement des réglages de la moissonneuse-batteuse doit être minutieux puisque cela permet un premier nettoyage (qualité sanitaire et graines étrangères). Pour s’assurer de la bonne conservation du MGH, des indicateurs peuvent être utilisés avant des analyses de laboratoire : couleur, température, odeur,…

Pour mieux valoriser le MGH chez le porc, différentes études ont été réalisées ces dernières années. La conservation humide, et plus particulièrement en ensilage, améliore les digestibilités des principaux constituants (énergie, matière azotée totale, amidon, matière grasse) et dans une moindre mesure des acides aminés. Les résultats obtenus avec le MGH inerté sont moins marqués mais vont dans le même sens.

Ainsi, une incorporation plus importante de MGH dans la ration a un impact positif sur les performances de croissance des porcs, quels que soient la variété ou le type (denté, corné-denté). Connaître la valeur nutritionnelle propre aux formes humides du maïs permet de formuler au plus juste des besoins des animaux.

Chez les bovins, le MGH constitue un concentré, puisque le grain est la partie la plus énergétique de la plante (1,22 UFL/ kgMS). L’amidon est plus accessible pour les microorganismes sur maïs humide que sur sec, il ne s’agit donc pas d’une source d’amidon lent. Le MGH accompagné d’un concentré protéique est un bon complément d’une ration à base d’ensilage de maïs ou autre fourrage.

Pour limiter les risques d’acidose, le broyage doit être d’autant plus grossier que l’humidité est importante. Les formes ensilée ou inertée sont à choisir suivant le stade de récolte et les coûts et possibilités de broyage.

L’aplatissage ou le concassage du MGH entier est conseillé si l’humidité est inférieure à 30 % et non nécessaire pour des taux entre 32 et 36 %.

 

 

Le mode de stockage du Maïs Grain Humide: silo tour, silo couloir, boudins...

Il est important du point de vue économique de bien choisir son mode de stockage selon la quantité, la main d’oeuvre disponible, le degré d’asservissement souhaité, les animaux consommateurs, l’organisation des chantiers (récolte, stockage et reprise), l’humidité des maïs récoltés, les contraintes que peuvent entraîner le stockage suivant le choix des silos.

 

Le graphique ci-contre montre l’écart des coûts entre différents choix matériels selon les quantités à stocker, ces écarts allant de 14 à 22 € / t. Le séchage vient alourdir les coûts. Ainsi, un maïs récolté à 28 % d’humidité et séché coûtera 23 € / t et 5 € de plus s’il était récolté à 32 % d’humidité.

 

Lors d’une comparaison de deux cas concrets de conservation de MGH chez des éleveurs de porcs (silo tour de 700 m3 vs. silo couloir de 250 m3), des coûts finalement assez proches ont été constatés (27,90 contre 30,70 €/t à 86 % MS) puisque des parts de dépenses se compensent. Par exemple, le silo couloir est plus cher en frais de fonctionnement comme en coût de consommables alors que le silo tour nécessite plus de frais de stockage, de remplissage, de manutention et de distribution.

Enfin, l’analyse de l’évolution du prix d’aliment fabriqué à la ferme (AIRFAF 2008 à 2011)  contre l’avantage de l’utilisation de maïs humide par rapport au sec, quelle que soit la région. Les aliments à base de maïs sec sont 10 à 40 % plus chers, selon la conjoncture de prix, que ceux à base de maïs humide.

 

 

 

Le MGH, intéressant d’un point de vue économique et environnemental

Le MGH a plusieurs intérêts économiques, notamment une absence de frais de séchage et de transport au silo, une conservation naturelle ainsi qu’une haute valeur nutritionnelle.

L’Analyse du Cycle de Vie est une méthode normalisée (ISO 14040 – 14044) pour évaluer des impacts environnementaux potentiels liés à un produit, depuis sa production et jusqu’à sa fin de vie.

 

Avec cette approche globale une étude a été effectuée sur le MGH (en le comparant au maïs sec) : du semis à la reprise en sortie stockage. L’attention a été portée sur deux indicateurs : la consommation en énergie primaire et les émissions de gaz à effet de serre. Les résultats indiquent que le séchage entraîne une consommation en énergie primaire supplémentaire de 1200 MJ / 100 UFV et une émission en GES supplémentaire de 70 kg éq. CO2 / 1000 UFV. Etant donné que les dépenses et émissions se compensent pour les autres postes, la différence entre le MGH et le maïs sec correspond à l’impact environnemental du séchage.

 

 

 

La conservation et valorisation du Maïs Fourrage

Environ 1,4 million d’hectares sont à destination du MF en France. 45% sont produits par des exploitants laitiers et 25 % dans des systèmes mixtes (grandes cultures et prairies). Plus de 50% des surfaces du maïs fourrage concentrées dans l'Ouest.

La conservation du MF sous forme d’ensilage est possible par la consommation de l’oxygène résiduel par les microorganismes et le développement de bactéries lactiques qui transforment les sucres en acides. L’ensilage est une matière première stabilisée mais fragile.

Le maximum de rendement est atteint pour 32 à 35 % de Matière Sèche (MS). En effet, des pertes en sucres peuvent avoir lieu pour une humidité supérieure du fait de l’écoulement des jus et d’un « lessivage ». De la même façon, pour une humidité inférieure, compte tenu de la porosité gazeuse liée à un tassement plus faible, la respiration et la consommation en oxygène sont plus lentes. Les levures et moisissures se multiplient, les microorganismes reprennent de l’activité. Il y a un échauffement et donc des pertes de MS. L’augmentation de porosité du silo est accentuée en cas de récolte tardive, de hachage insuffisant, de défaut de tassement et expose le maïs à une instabilité au moment de la reprise.

La réussite de la conservation passe par un respect des précautions à prendre aussi bien en ce qui concerne le stade optimal que les gestes adéquats à la récolte, la confection du silo et le désilage.

Chez les bovins, le maïs n’est jamais distribué seul, notamment car il est pauvre en minéraux (P, Ca,…). De plus, il est souvent jugé acidogène du fait de sa composition (amidon, …). Il est donc primordial de bien définir ses caractéristiques pour bien le complémenter.

Il ne faut pas oublier de garder une certaine fibrosité dans la ration. Un équilibre doit être trouvé entre le temps pour évacuer les fibres non digérées et le temps pour saliver, c’est-à-dire pour réguler le pH ruminal. S’il y a moins d’encombrement, il y a plus d’ingestion. Et s’il y a moins de salivation, il y a une chute du pH (donc une mauvaise digestion des fibres : une baisse de la digestibilité et une chute de l’ingestion).

La composante « plante entière moins amidon » permet de raisonner la partie végétative du maïs comme toutes les autres plantes fourragères. Le calcul de la ration doit se baser sur le pourcentage d’amidon dans la ration et non sur le pourcentage de concentrés. Ainsi, pour éviter les acidoses, la valeur d’amidon dans la ration ne doit pas être supérieure à 28 %. Cependant, il est rare de dépasser 25 % lorsque l’on optimise le coût de la ration du fait du gaspillage. De par cette contrainte, il est nécessaire d’associer de l’herbe ou des concentrés fibreux aux régimes riches en maïs grain. Différents choix peuvent être faits pour le système fourrager : soit du maïs toute l’année, soit un silo fermé 2 à 3 mois par an, soit un système herbager. Plus la part de maïs est importante, plus le niveau de production des vaches est élevé tout comme le coût de production. Ainsi, la marge laitière diminue, mais celle à l’hectare augmente puisque le maïs permet d’améliorer le chargement et de libérer de la surface pour les cultures. Les résultats économiques différent en fait peu entre les systèmes tout comme les performances environnementales.




Images associée(s) à cette actualité :


Commentaire(s)


Autres articles sur ARVALIS-Institut du Végétal

Matériel et Equipements
A ce jour, compte-tenu des dates de semis précoces et des conditions climatiques actuelles –chaudes et déficitaires en pluviométrie- les récoltes de maïs fourrage pourraient avoir deux à trois semaines...
Lire la suite >>>
Protection des cultures
« De la réussite du désherbage dépendra le niveau de rendement de la culture et l’enherbement de la parcelle lors des cultures suivantes » indique Bertrand Carpentier, expert du maïs fourrage chez ARVALIS...
Lire la suite >>>
Fertilisation
Il fait sec, même très sec sur de nombreuses régions, et les appports d'engrais azotés sont pour le moment inefficaces. Le saviez-vous ? il faut 15 mm de pluie pour valoriser un apport d’engrais azoté...
Lire la suite >>>
Services
La verse des céréales, qu’elle soit d’origine physiologique ou pathologique, peut engendrer des pénalités significatives (pertes de rendement, difficultés de récolte, dégradation de la qualité à la récolte...
Lire la suite >>>
Protection des cultures
Vivaces : intervenir sur des plantes suffisamment développées, en postlevée  Annuelles : intervenir sur des plantes peu dévelopées, en postelevée
Lire la suite >>>

Les Guides conso

Tout savoir sur le contrôle obligatoire des pulvérisateurs

Le dispositif de contrôle périodique obligatoire des pulvérisateurs est effectif depuis le 1er  janv (...)

> > > Tous les guides conso

Forum

Derniers posts

Le Baromètre des marques Mars

Logo de New Holland

Catégorie Tracteurs

Logo de New Holland

Catégorie Moissonneuses-batteuses

Logo de Quivogne

Catégorie Outil de travail du sol

Logo de Kuhn

Catégorie Semoirs Monograines

Logo de Manitou

Catégorie Chargeurs télescopiques

Logo de Le Boulch

Catégorie Remorques

Logo de Kuhn

Catégorie Pulvérisateurs

Logo de Goëmar

Catégorie Produits phytosanitaires

> > > Participez au baromètre des marques
> > > Voir les baromètres des mois précédents