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Doha : les thèses de Pascal Lamy mises à mal par les conclusions d'un groupe d'économistes internationaux

Par Jean Moullart | Publié le 22 Juillet 2009 à 19:53
Doha : les thèses de Pascal Lamy mises à mal par les conclusions d'un groupe d'économistes internationaux
Alors qu’une « nouvelle approche » est envisagée par certains Etats pour relancer Doha, les thèses et les chiffres avancés par Pascal Lamy ont été contestés à l’issue du workshop international organisé par le chef économiste de Momagri (1) au mois de juin dernier à La Sorbonne.
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« La volatilité des cours agricoles, l’impact de la spéculation, et les progrès réalisés dans la compréhension des marchés agricoles remettent en cause la stratégie de l’OMC en matière de libéralisation du commerce agricole international », a déclaré à l’issue de ce workshop, Bertrand Munier, professeur des universités et chef économiste de momagri.


Ainsi la trentaine d’économistes présents (FMI, FAO, Banque mondiale, OCDE, universités américaines, think tanks, différents ministères…) a abouti à un large consensus sur deux points clés : 

- la volatilité des cours des matières premières agricoles, trop longtemps ignorée par la communauté internationale, peut accroître l’insécurité alimentaire ;
- les modèles économiques actuels qui guident les décisions internationales sont incapables d’appréhender cette réalité.

D’où l’importance, selon Shyama Ramani, professeur à l’université de Maastricht, de construire un nouveau modèle économique international. Ce modèle doit intégrer fidèlement les problématiques agricoles actuelles : la volatilité des prix, la financiarisation des marchés et leurs conséquences sur la sécurité alimentaire. Le modèle momagri répond à ces exigences de réalisme. C’est pourquoi il a été qualifié par Peter Timmer, professeur à Harvard et économiste de la Fondation Bill Gates, « de premier du genre avec lequel il faudra désormais compter » pour évaluer l’impact d’une politique de libéralisation des échanges agricoles.

Comment Pascal Lamy peut-il alors justifier de façon aussi péremptoire le chiffre de 150 milliards de dollars de gains (soit 7 cents par jour et par personne !) en cas d’accord à Doha. Car, il se refère aux modèles actuels qui ne prennent en compte ni le risque, ni la volatilité des prix, ni la spéculation sur des marchés financiarisés, pourtant essentiels à l’analyse économique de l’agriculture.

N’oublions pas que derrière ces négociations, c’est la survie de près d’un milliard de personnes souffrant de la faim et l’avenir de plus 40% de la population mondiale vivant de l’agriculture, qui est en jeu. Il est urgent de revenir à des négociations qui prennent enfin la pleine mesure des risques qui affectent les marchés agricoles comme l’a rappelé Edi Karni, professeur à la Johns Hopkins University.
 

Résultats des dernières simulations du modèle Momagri
A cet égard, les dernières simulations du modèle Momagri bouleversent la croyance selon laquelle une conclusion du cycle de Doha bénéficierait à tous les agriculteurs, notamment ceux des pays en développement. Pire, elles montrent qu’une libéralisation complète non régulée du commerce agricole international pourrait aboutir à :
- une baisse très substantielle du chiffre d’affaires des agriculteurs des pays les plus pauvres, (dans certains scénarios, la baisse pourrait être de plus de la moitié et donc susceptible de ruiner nombre d’agriculteurs de ces pays)
- à une baisse tendancielle moins massive, mais très importante, pour des pays émergents importateurs comme l’Inde
- à une érosion significative des chiffres d’affaires des agriculteurs des pays développés. De ce fait, loin de permettre l’optimisation des facteurs de production, elle mettrait en péril la sécurité alimentaire de la planète et le développement de beaucoup de pays.

Seuls les pays émergents exportateurs comme le Brésil tireraient leur épingle du jeu, sans pouvoir compenser la baisse généralisée de la production.

Par ailleurs, ces résultats contredisent également les prévisions d’évolution des prix agricoles du dernier rapport de l’OCDE « Agricultural Outlook 2009 - 2018 », qui gomment la volatilité des prix sur les dix années à venir, ce qui est en totale contradiction avec la réalité observée.

 

 

 

(1) A propos de Momagri:

Momagri, mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture, est un think tank présidé par Pierre Pagesse, président de Limagrain, qui rassemble des responsables du monde agricole et des personnalités d’horizons extérieurs (santé, développement, stratégie et défense, …). Son objectif est de promouvoir une régulation des marchés agricoles en créant de nouveaux outils d’évaluation (modèle économique, indicateurs, …) et en formulant des propositions pour une politique agricole et alimentaire internationale.




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