Vous êtes ici:

Procès OGM de Colmar : pour l’INRA, « il ne faut pas laisser les faucheurs tromper les français »

Par Jean Moullart | Publié le 28 Septembre 2011 à 18:35
Procès OGM de Colmar : pour l’INRA, « il ne faut pas laisser les faucheurs tromper les français »
Alors que s’ouvre à Colmar le procès des 61 « faucheurs volontaires » qui ont saccagé en août 2010 une expérimentation utilisant en plein air des porte-greffes transgéniques pour étudier la résistance de la vigne à la maladie du court-noué, l’INRA souhaite rappeler certains points…
Lancer la discussion sur le forum

"… Tout d’abord, l’essai était légal, sans vocation commerciale et financé par le seul argent public. Cet essai allait révéler que le recours à des porte-greffes OGM ne permettait pas aux vignes de résister à la maladie du court-noué.

Les modalités de cette recherche ont été conçues, préparées et suivies par un comité local issu des mondes viticole, syndical, et associatif, démarche inédite ayant fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique PlosBiology. Des conditions strictes avaient été mises en place pour empêcher toute dissémination : les porte-greffes ne produisaient pas de fleurs et les inflorescences du greffon (non OGM et non alsacien, quant à lui) étaient éliminées avant floraison ; une bâche installée dans le sol retenait par ailleurs les nématodes, minuscules vers porteurs du virus du court-noué. Le protocole prévoyait une stérilisation de la terre utilisée et une incinération des matériaux en fin d’expérimentation.

 

Ce projet est le seul à avoir bénéficié d’un avis favorable du Haut Conseil des biotechnologies créé par la loi du 25 juin 2008, qui encadre le recours aux organismes génétiquement modifiés, avant d’être autorisé. Il était une composante d’un programme plus vaste explorant d’autres pistes de lutte contre le court-noué ; la jachère, la lutte biologique et la sélection variétale traditionnelle.

 

 

Au-delà de ces faits, l’Inra est également choqué par l’ambiance délétère autour de ce procès alors qu’il n’anime aucun projet de recherche OGM en partenariat public-privé et que 66 chercheurs (soit presque 2% des effectifs) travaillent effectivement sur les OGM, essentiellement en milieu confiné et sur des projets de recherche fondamentale (le double sur l’agriculture biologique).

 

 

Dans ces conditions, en détruisant l’essai sur les porte-greffes OGM du centre de Colmar, les faucheurs ont agi de façon injustifiable au regard de la liberté de la recherche, de la justice mais aussi de la cause qu’ils servent. Car le seul moyen fiable d’avoir des connaissances impartiales sur les OGM reste la recherche publique. C’est la condition nécessaire pour que le débat sur les OGM avec la société ne s’enlise pas dans les préjugés et la désinformation."

 

 

 

 

 

Le court-noué, une maladie majeure de la vigne

Le court-noué est une maladie virale, dont le vecteur est un nématode (ver du sol). C’est une maladie décrite depuis 160 ans : les vignes malades présentent un feuillage jauni, un raccourcissement des entre-noeuds. Elle provoque une baisse drastique de production, jusqu’à 80% de baies en moins. Cette maladie touche environ 60% du vignoble national. Elle est la cause de pertes considérables, entre 350 et 850 millions d’euros par an en France. Elle connaît une dissémination mondiale. Le nématode (Xiphinema index) transmet ou acquiert le virus lors de ses piqûres d’alimentation au niveau des racines des vignes.

On ne sait lutter que contre le nématode et non pas contre le virus :

• par traitement chimique des sols : danger pour l’environnement et multiplication des interdictions

• par arrachage des vignes et repos des sols (10 ans) : coût élevé pour l’exploitant.

Il est donc nécessaire d’étudier de nouvelles voies de lutte.




Images associée(s) à cette actualité :


Commentaire(s)


Autres articles sur Inra

Semences et plants
Quelques dizaines de faucheurs volontaires ont occupé les locaux de l'Inra d'Avignon le 2 octobre 2014. Ils protestaient notamment contre un programme de recherche (Génius) lancé en septembre 2012.
Lire la suite >>>
Services
Utiliser la biodiversité, gérer les paysages et les territoires, comprendre les grands cycles des éléments, tels sont les trois leviers identifiés par l’Inra pour s’engager dans une transition agroécologique....
Lire la suite >>>
Services
"JB-Box" est un nouvel outil Internet de pilotage des ateliers d’engraissement destiné aux éleveurs et à leurs techniciens. Il permet de simuler l’impact des pratiques d’élevage, et en particulier du rationnement,...
Lire la suite >>>
Services
Reconnue comme un enjeu décisif pour l’évolution du climat de la planète, la diminution des émissions de gaz à effet de serre représente un objectif majeur auquel l’agriculture doit contribuer. L’Agence...
Lire la suite >>>
Services
Une étude exploratoire publiée ce jour par Sylvaine Cordier et son équipe (Unité mixte Inserm, Université de Rennes 1, et Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique « Institut de recherche, santé, environnement...
Lire la suite >>>