Pour le BRGM, la sécheresse 2011 impacte aussi les construction de maisons du fait des retrait-gonflement des sols argileux

A la demande du Ministère en charge de l’Ecologie, le BRGM a mené depuis la fin des années 1990 un ambitieux programme de cartographie des sols sensibles au phénomène de retrait-gonflement des argiles. Cette cartographie, achevée début 2011, est librement accessible sur le site internet www.argiles.fr et permet d’informer la population et les constructeurs de maisons individuelles sur les risques liés à ce phénomène.

Sécheresse 2011 et fissuration des maisons due au retrait-gonflement des sols Argileux

Un matériau argileux a une consistance qui se modifie en fonction de sa teneur en eau. Il est dur et cassant lorsqu’il est desséché, plastique et malléable à partir d’un certain degré d’humidité. Ces modifications de consistance s’accompagnent aussi de variations de volume dont l’amplitude peut être parfois spectaculaire.

En période sèche, la tranche la plus superficielle du sol est soumise à l’évaporation. Se produit alors une rétractation des argiles qui se traduit verticalement par un tassement du sol et horizontalement par l’ouverture de fissures de retrait, à l’instar de ce que l’on peut observer dans une mare qui s’assèche. Ce sont ces mouvements de terrains, généralement non uniformes, qui provoquent la fissuration des maisons individuelles, structures légères, fondés souvent de manière très superficielle ou hétérogène, ce qui les rend particulièrement vulnérables.

Les manifestations du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux, ont été mises en évidence en Angleterre dès les années 1950 et sont désormais bien connues des géotechniciens. En France, elles ont été observées lors de la sécheresse de 1976 qui est à l’origine de nombreux désordres concernant notamment des pavillons situés en région parisienne. Durant l’été 2003, plusieurs dizaines de milliers de maisons individuelles construites sur des sols argileux se sont fissurées par suite de tassements différentiels dus au phénomène de retrait-gonflement de leur sol d’assise, conduisant plus d’une commune française sur cinq à introduire une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. Ces sinistres constituent désormais en France le deuxième poste d’indemnisation au titre des catastrophes naturelles alors que de nombreux désordres pourraient être évités moyennant le respect de quelques règles préventives de construction.

Etat hydrique des sols en juin 2011 : une sécheresse plus précoce et plus répandue qu’en 2003

Le pays connaît actuellement une sécheresse exceptionnelle sur une grande partie du territoire.

D’après Météo-France, cette situation est la conséquence de deux composantes bien distinctes:

- un déficit hydrique durant la période de recharge des nappes souterraines Même s’il est difficile d’anticiper les conséquences que pourrait avoir cette sécheresse vis-à-vis du

phénomène et de la sinistralité, il est possible de dire qu’en présence d’un été pluvieux, il est

vraisemblable que les tassements des sols soient finalement limités, ne produisant pas plus de

désordres sur le bâti qu’une année « normale ». Au contraire, un été « standard » pourrait être à l’origine d’une nouvelle vague de sinistres.

Le programme national de cartographie de l’aléa retrait-gonflement des sols argileux qui s’est achevé début 2011 devrait permettre à terme de contribuer à une meilleure prévention du risque La méthodologie mise en oeuvre a été développée par le BRGM à partir de 1995. Améliorée et formalisée sur le département des Deux-Sèvres, en lien avec les mutuelles d’assurance, elle a ensuite été appliquée au département de l’Essonne, à la demande du Ministère en charge de l’écologie, puis étendue à l’ensemble du territoire métropolitain (hors Ville de Paris). Ces cartes départementales d’aléa retrait-gonflement sont établies à l’échelle du 1/50 000 et basées sur les cartes géologiques.

Elles résultent du croisement de données géologiques (lithologie, minéralogie et géotechnique), et d’informations sur la densité des sinistres par formation géologique corrigée du taux d’urbanisation.

La diminution future de la sinistralité des maisons individuelles causée par le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux passe par une diffusion la plus large possible des mesures de prévention. C’est justement l’objectif principal de ces cartes d’aléa que d’attirer l’attention des maîtres d’ouvrages (y compris des particuliers) et des professionnels de la construction sur la nécessité de prendre des précautions particulières lors de la construction d’une maison individuelle dans un secteur susceptible de contenir des argiles sujettes au retrait-gonflement. Dans ce domaine, de nombreuses actions d’information ont été entreprises récemment, tant par les pouvoirs publics que par certains assureurs et des professionnels de la construction. C’est ainsi qu’à la demande du MEDDTL, le BRGM a élaboré un site internet spécifique, librement accessible à l’adresse suivante :

http://www.argiles.fr, et destiné à l’affichage des cartes d’aléa au fur et à mesure de leur publication.

Ouvert au public depuis novembre 2004, ce site permet de consulter les cartes d’aléa par

département ou par commune, de s’informer sur les manifestations du phénomène et la manière de les prévenir, et de télécharger les rapports et les cartes d’aléa déjà parus.

Figure 4 – Page d’accueil du site www.argiles.fr

(Copyright BRGM)

A propos du NRGM BRGM

Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) est un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la double tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et du Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement. Il est l’établissement public de référence dans le domaine des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol.

Il remplit cinq missions : recherche scientifique, appui aux politiques publiques, coopération internationale et aide au développement, prévention et sécurité minière et formation supérieure, avec l’Ecole nationale d’applications des géosciences (ENAG).www.brgm.fr

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