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Les chasseurs encouragent les agriculteurs picards à implanter un meilleur couvert que la moutarde pour la faune sauvage

Par Jean Moullart | Publié le 21 Juin 2011 à 17:55

Dans le cadre du 4ème plan de la directive Nitrates impliquant une couverture végétale de 100% des sols en hiver dans les zones vulnérables d'ici à 2012 et en continuité des actions qu'elle mène depuis 15 ans, la Fédération des Chasseurs de Picardie a décidé de s'impliquer, aux côtés de ses partenaires du monde agricole, pour l'implantation de couverts favorables à la faune sauvage. Un label régional a même été créé... une première en France !

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Le 21 juin, chasseurs et agriculteurs picards se sont réunis dans les locaux de la Fédération des Chasseurs de l'Aisne pour présenter et officialiser le fruit de leur travail et de leurs réflexions. Ainsi, face à l'application du quatrième plan de la directive Nitrates entré en vigueur le 1er septembre 2009 imposant une couverture végétale de 100% des sols en hiver dans les zones vulnérables d'ici à 2012, ils ont décidé de proposer aux exploitants agricoles une alternative à la moutarde, espèce jusqu'ici privilégiée des agriculteurs pour leurs cultures intermédiaires car facile à implanter et à détruire, peu coûteuse et possédant une croissance rapide.

D'après les chasseurs, le 100% moutarde est en effet préjudiciable à la biodiversité et a un moindre intérêt pour la petite faune sédentaire de plaine.

Quatre couverts favorables au petit gibier et réduisant l'apport d'azote à implanter après les moissons

Les CIPAN – cultures intermédiaires pièges à nitrates – occupent quant à elles une place de choix. Elles trouvent logiquement leur place entre une culture récoltée en juillet-août et une culture de printemps. Elles possèdent en outre nombre d'atouts non négligeables : elles contribuent à limiter les risques d'érosion, restructurer un sol avant une culture de printemps, améliorer l'activité microbienne du sol et donc, accélérer la destruction des résidus de récolte, apporter de la matière organique, concurrencer le développement de certaines adventices, offrir des abris au gibier... Sans oublier qu'elles permettent de réduire les quantités d'azote à apporter à la culture suivante. Fort de ce constat et après un bilan positif réalisé par la Fédération des Chasseurs de Champagne-Ardennes, les chasseurs picards, par le biais de la Fédération régionale des Chasseurs de Picardie et des trois Fédérations qui la composent (Aisne, Oise, Somme), ont décidé de s'associer aux principaux acteurs du monde agricole que sont les chambres d'agriculture, les FDSEA, l'Agence de l'Eau Seine Normandie, les coopératives et négoces, pour proposer des couverts qui répondent pleinement aux objectifs de l'interculture et qui représentent un intérêt faunistique certain.

Qu'il s'agisse du passe-partout, de sans-graminée, du pollinisateur ou du couvert avec légumineuses, tous réunissent le meilleur compromis agronomie / économie / faune / écologie.

18.000 € consacrés en 2010/2011 aux dossiers agricoles par la Fédération des Chasseurs de Picardie

La Fédération régionale des Chasseurs vient donc d'éditer des plaquettes qui seront prochainement distribuées aux exploitants agricoles, via les coopératives et négoces afin de présenter l'opération et les conseiller dans leurs pratiques. « Au cours de cette saison, à la seule échelle régionale et en dehors des actions financées et co-financées par les Fédérations départementales, la Fédération des Chasseurs de Picardie aura consacré 18.000 € de son budget aux dossiers agricoles, explique Yves Butel, son président. L'opération interculture que nous menons en fait partie, de même que la gestion des bords de champs. N'oublions pas que cela fait une quinzaine d'années que les chasseurs s'investissent en faveur de l'environnement et la biodiversité en finançant, par exemple, les Jachères Environnement Faune Sauvage et en s'impliquant au quotidien sur le terrain.»

100% des sols couverts dans les zones vulnérables d'ici à 2012

Sitôt les moissons achevées, les territoires de plaine recevront donc ces divers mélanges. Si en 2011, 90% des sols doivent être couverts en automne/hiver, ce taux passera à 100% en 2012. Une réglementation stricte encadre d'ailleurs ces semis puisqu'ils devront être implantés au plus tard le 10 septembre. Leur mise en place quant à elle est de 60 jours dans les départements de l'Aisne et de la Somme et 65 jours pour l'Oise. De même, la plaquette précise les intérêts de chaque mode de destruction. Une étude réalisée sur plusieurs années a démontré qu'une interculture bien conduite et bien gérée apportait de multiples bénéfices dont le gain à l'hectare est estimé à 70 euros. Par ailleurs, un exploitant agricole a la possibilité de souscrire une Mesure Agro-Environnementale (MAE), financée par les Agences de l'Eau et/ou l'Etat, pour des actions visant à limiter les intrants et autres produits phytosanitaires notamment dans les zones à fort enjeu « eau » (bassins d'alimentation de captage, problématique bassin versant, zones humides...).

Un label unique en France

Les chasseurs et agriculteurs picards ont décidé d'aller plus loin dans la démarche. En effet la Fédération des Chasseurs de Picardie profite de ce partenariat avec le monde agricole pour lancer officiellement un label qui sera apposé sur les sacs de semences et catalogues de produits de tous les partenaires de l'opération. Le logo « conseillés par les chasseurs de Picardie » permettra aux agriculteurs d'identifier en un coup d'oeil les couverts les plus favorables à la petite faune sédentaire de plaine. Ce label, unique en France, pourrait bien faire des émules. L'implantation de CIPAN a déjà convaincu quelques régions, comme la Champagne-Ardennes et la Picardie, et pourrait se développer ailleurs. L'intérêt de l'implantation de couverts autres que la moutarde n'est plus à prouver. L'interculture propose au gibier un couvert protecteur accompagné de nouvelles ressources alimentaires de la fin de l'été au début de l'hiver. Les chasseurs sont ici pleinement dans leur rôle de sauvegarde de la biodiversité. En se rapprochant des acteurs du monde agricole, ils prouvent une fois de plus qu'ils s'investissent pour le maintien et l'équilibre de la faune et de la flore sauvages. Un label pour les couverts « faune sauvage »

Un nouveau label « couverts faune sauvage » sera apposé sur les sacs de semences et catalogues de produits de tous les partenaires de l'opération : coopératives, négoces et semenciers. Il permettra aux agriculteurs d'identifier en un coup d'oeil les couverts les plus favorables à la petite faune sédentaire de plaine.

Les partenaires:

Aisne :

- Fédération des Chasseurs de l'Aisne

- Chambre d'Agriculture de l'Aisne

- COHESIS

- Champagne Céréales

- Cerena

- Axion

- Hubau

Oise :

- Fédération des Chasseurs de l'Oise

- FDSEA 60