Lettre ouverte des Jeunes Agriculteurs au Président et aux administrateurs de la CECAB

Monsieur le Président,

Messieurs les administrateurs,

Il y a quelques semaines, vous avez pris la décision de fermer deux de vos conserveries : l’une en Saône et Loire à Ciel, l’autre dans le Finistère à Rosporden. A ce sujet vous déclariez récemment au quotidien Les Echos que « le secteur des conserves continue d’être rentable pour la CECAB, mais que vous souhaitiez augmenter sa compétitivité car les marchés sont très bagarrés ». La fermeture de l’Usine de Ciel va laisser une centaine de producteurs sans débouchés alors que la production légumière permettait à ces exploitations d’avoir un complément de revenu non négligeable et offrait des possibilités de diversification aux futurs installés.

Nous apprenons aujourd’hui que deux autres conserveries de la région Centre (sites de Blaisois et de Maingourd) connaitraient également une restructuration sans pour autant avoir d’informations précises quant à l’impact que cela aurait sur les producteurs de la région. 

Alors, permettez-moi de ne pas partager votre raisonnement court-termiste, qui nie, à mes yeux, un certain nombre de principes coopératifs et qui met en danger les équilibres agricoles d’une région (la Bourgogne) déjà touchée par le départ en 2007 d’outils industriels de transformation sucrière. La CECAB se met ici au service de la spécialisation des territoires au détriment de l’emploi et des actifs agricoles. L’enjeu du maintien de productions diversifiées et d’un tissu industriel dynamiques et rentable dans les zones intermédiaires est un enjeu qu’il ne faut pas négliger, et la coopération  doit en être le socle, j’en suis convaincu.

A Jeunes Agriculteurs, nous croyons au modèle coopératif, à sa capacité à se « bagarrer » sur les marchés mais aussi et surtout à sa capacité à créer de la valeur ajoutée sur les territoires, pour ses adhérents. A ce titre, nous avons décidé à notre dernier congrès de réaliser en 2013 notre rapport d’orientation sur la coopération : Quel constat ? Quelle vision d’avenir ? Quelles évolutions ?

Des questions auxquelles nous souhaitons répondre car nous sommes convaincus aujourd’hui que le modèle coopératif peut répondre aux différents enjeux économiques du monde agricole.  Il doit pour cela intégrer sa responsabilité et assumer le rôle qu’il doit jouer pour répondre aux objectifs de productions diversifiées et éviter les risques d’une spécialisation des territoires.

C’est en ce sens que vos dernières décisions en matière de restructuration nous ont interpellés. Aussi, par cette lettre ouverte, nous souhaitons vous questionner et échanger sur ce choix qui va à l’encontre des intérêts de la profession et surtout qui s’oppose à la vision d’un secteur agricole dynamique. 

François Thabuis

Président de Jeunes Agriculteurs

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