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Pour Xavier Beulin, l'organisation économique est une réponse aux défis et enjeux de la politique agricole

Par Jean Moullart | Publié le 08 Avril 2009 à 10:04
Pour Xavier Beulin, l'organisation économique est une réponse aux défis et enjeux de la politique agricole
Pour Xavier Beulin, Président de la FOP, Premier Vice-Président de la FNSEA et Vice-Président d'ORAMA, en l’espace de quelques mois, le contexte dans lequel évolue l’agriculture a fortement changé. "Nous devons maintenant nous habituer à vivre avec une politique agricole où il sera bien moins question d’aides que de prix, bien moins question d’intervention que de dérégulation, bien moins question de protection que de fluctuation. Si nous déplorons ce renoncement à une politique agricole commune, nous estimons aussi qu’il n’est plus temps de regarder le passé mais au contraire de se tourner résolument vers l’avenir".
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"Quels sont les défis qu’il nous faut relever ?

Pour ma part, j’en vois quatre majeurs :

 

Un défi syndical tout d’abord. Les négociations sur le Bilan de Santé ont été extrêmement difficiles et ont vu, de façon schématique, s’opposer de façon parfois excessive les éleveurs et les producteurs de grandes cultures, même si la position de la FOP a toujours été de rechercher la modération et la pondération. Maintenant que les orientations franco-françaises sont connues, il importe de dépasser un passé amer et de travailler pour retrouver une indispensable unité syndicale. Celle-ci est d’autant plus importante que d’autres débats, au moins aussi difficiles si ce n’est plus, nous attendent. Or, ces discussions nous ont affaiblis : notre incapacité collective à nous mettre d’accord a donné l'occasion aux Pouvoirs Publics de nous arbitrer et de décider de critères insatisfaisants pour tous. A nous d’en prendre acte et, pour éviter que l’histoire ne se répète, de nous retrouver au sein de la FNSEA.

 

Un défi politique ensuite. Les discussions autour de la déclinaison du Bilan de Santé doivent être appréhendées pour ce qu’elles sont : une étape, un rendez-vous avant le véritable enjeu qu’est la prochaine programmation communautaire qui débutera en 2013. Ne nous y trompons pas : le véritable débat va commencer dès 2010. Pour l’instant, nous avons la garantie d’un budget jusqu’en 2013. De même, les mesures adoptées s’inscrivent, au moins pour une grande partie d’entre elles, dans la suite logique des réformes précédentes. Mais quid de l’avenir ? Nous serons 27 à discuter et les revendications des pays du Nord de l’Europe et des PECOS devront être entendues. Les budgets ne seront pas extensibles. Les secteurs prioritaires seront sans aucun doute plus nombreux. Le Parlement européen aura plus de poids. La situation internationale sera sans doute plus contraignante. Alors, s’il est impossible de savoir exactement quelle sera la situation en 2013, on peut craindre que la PAC ne soit plus une politique prioritaire et commune.

 

Un défi sociétal aussi. L’agriculture est au cœur des enjeux, des défis et des contradictions de nos temps modernes : tout et son contraire lui sont demandés en même temps. C’est tout d’abord un rôle prépondérant en matière d’alimentation humaine. Chaque jour, la population de notre planète augmente de 200 000 personnes : en 2050, il faudra nourrir 9 milliards de personnes contre 6 aujourd’hui. La tâche est immense, surtout lorsqu’on pense à tous les risques qu’induit une telle évolution, a fortiori si elle est combinée avec le facteur du réchauffement climatique. C’est ensuite un rôle prépondérant en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité. Une problématique qui devient aujourd’hui le prisme d’analyse de toute politique, a fortiori la nôtre, ainsi que l’attestent les discussions autour du Grenelle de l’environnement ou de la conditionnalité des aides. C’est enfin un rôle prépondérant dans l’économie et le développement des territoires. Entre l’agriculture, son amont, son aval et les services gravitant autour, notre secteur fournit 15% des emplois en France (contre 10% à l’automobile qui a obtenu un plan de soutien de plusieurs milliards d’euros).

 

Un défi économique enfin. Le maître mot en la matière est le revenu. Notre première priorité est de conserver une capacité de production pleine et entière. Cela implique notamment de pouvoir disposer de toutes les innovations et technologies les plus récentes pour accroître notre productivité. Nous devons concilier écologie et économie afin d’éviter toute dérive qui nous conduirait à des impasses techniques. Notre seconde priorité est d’être imaginatifs et audacieux dans la conception de mécanismes et dispositifs permettant de rémunérer notre travail ou de sécuriser notre revenu. Ainsi, nous devons expertiser, de façon pragmatique et sans tabou, l’ensemble des différentes boîtes à outils dont nous disposons dans le premier et le second pilier pour doter la politique agricole de nouveaux instruments répondant à nos attentes. Notre troisième priorité est de mettre l’accent sur l’organisation économique des producteurs et la constitution de filières structurées, performantes et dynamiques au sein desquelles ils tiennent un rôle prépondérant. Jamais les marchés n’ont été aussi nombreux, qu’il s’agisse des marchés alimentaires, de la nutrition animale, des biocarburants ou encore de la chimie du végétal. A nous de nous organiser avec nos partenaires économiques pour en capter la valeur ajoutée.

Je pense en effet que la seule façon de retrouver une cohérence d’ensemble et d’apporter une réponse crédible et durable à ces défis est l’organisation économique des producteurs et des filières. Aujourd’hui, c’est à nous qu’il revient d’exercer certaines des prérogatives dont la puissance publique se débarrasse au fur et à mesure des réformes successives. Dans ce cadre, le Bilan de Santé apparaît comme une étape supplémentaire dans un processus initié en 1992 et qui pourrait bien se poursuivre en 2013.

Il faut en effet constater, ce que je déplore, que notre conception traditionnelle d’une PAC basée sur des OCM protectrices, sur l’unité du marché et sur la préférence communautaire n’est plus majoritairement partagée en Europe. J’en retire deux enseignements. Le premier est que nous devons savoir comment, au sein de l’Union Européenne, favoriser l’émergence de majorités de gestion mais aussi parfois de minorités de blocage. Le second est qu’il nous revient d’assumer totalement des responsabilités nouvelles dans la gestion et la régulation des marchés et ce, en lien étroit avec nos partenaires économiques.

Je suis convaincu que c’est possible dès lors que les producteurs en ont la volonté ainsi que l’atteste l’exemple de la filière française des huiles et protéines végétales. Construite par les producteurs pour valoriser au mieux leurs productions, elle a pour but de conserver et répartir entre tous les acteurs la valeur ajoutée créée par la conquête de marchés et débouchés de plus en plus nombreux et diversifiés.

Des marchés et débouchés de plus en plus nombreux car il faut répondre aux enjeux de l’explosion démographique mondiale et de l’allongement de la durée de vie, particulièrement notable dans nos pays. Nourrir tous les hommes est au cœur de notre métier. Voilà pourquoi je fais du renforcement de nos partenariats avec les pays en voie de développement un des axes majeurs de notre action pour encourager l’essor de leurs cultures vivrières. J’accorde d’ailleurs une attention toute particulière à la construction de l’Union pour la Méditerranée qui est un projet stratégique essentiel pour nous, pour notre pays et pour l’Europe.

Des marchés et débouchés de plus en plus nombreux dans le secteur de l’alimentation animale aussi, domaine dans lequel tant la France que l’Union Européenne souffrent d’un réel déficit. Les complémentarités entre nos secteurs sont évidentes. Nous devons favoriser la mise en place d’une véritable politique contractuelle permettant d’assurer un approvisionnement régulier et irréprochable aux éleveurs et des débouchés pérennes aux producteurs de grandes cultures. Je crois fermement au renforcement de ces liens en favorisant, comme nous le faisons déjà, la conclusion de partenariats étroits avec les filières animales qui devront impérativement s’organiser et se (re)structurer rapidement.

Des marchés et des débouchés en fort devenir dans de multiples autres secteurs du fait du basculement de notre économie basée sur le « tout pétrole » à une économie de « l’après pétrole ». Cela se vérifie notamment dans le domaine des biocarburants où la filière oléoprotéagineuse occupe une place de leader. Il en est de même dans le secteur de la chimie du végétal. Cela se vérifie aussi dans les investissements lourds que nous mettons en oeuvre dans le développement des biocarburants de seconde génération et ce, en dépit du contexte de crise que nous traversons. Préparer l’avenir, c’est aussi préparer le moyen et long terme.

Je pense aussi que le développement des filières doit répondre à deux convictions fortes. La première, c’est qu’il doit s’inscrire dans une démarche « éco-citoyenne ». Nous ne sommes pas de simples opérateurs financiers, obsédés par la seule question de la rentabilité à tout prix et de la croissance pour la croissance. Nous nous inscrivons pleinement dans les politiques de développement territorial, d’emploi, de santé, de participation à l’indépendance énergétique, de lutte contre l’effet de serre, d’environnement, de développement durable, de maintien de la biodiversité, de préservation des ressources naturelles …

La seconde, c’est que ces filières, construites par les producteurs, n’ont de sens que si elles ont pour objectif final d’assurer une valorisation optimale de nos productions et de nous permettre de dégager un revenu. Au-delà des mots, ceci implique concrètement des engagements fermes et une vraie réflexion sur le sens de nos responsabilités : si nous avons des droits – valorisation des productions, répartition de la valeur ajoutée, revenu -, nous avons aussi des devoirs – respect des engagements, contractualisation, défense de la filière.

C’est dans ce cadre que doivent s’inscrire les réflexions autour de la conclusion d’accords interprofessionnels. Il en est ainsi dans la filière oléoprotéagineuse où, face à la disparition de la jachère industrielle et de l’ACE mais forts d’une volonté partagée de tous les acteurs de pérenniser le débouché du biodiesel, il nous faut impulser une nouvelle dynamique en redéfinissant les engagements de chacun en termes de durée et de prix.

Pour conclure, j’estime que face au désengagement des Pouvoirs publics et à l’extrême volatilité des marchés, nous devons construire une nouvelle politique agricole s’articulant autour de deux notions fortes : l’organisation économique des producteurs et la contractualisation au sein des filières.

L’organisation économique des producteurs permet de capter et conserver la valeur ajoutée dégagée par la valorisation de nos productions sur tous les marchés. Dans un tel schéma nous sommes bien plus que de simples fournisseurs de matières premières pour tel ou tel donneur d’ordres : nous sommes des acteurs responsables et des opérateurs économiques sur des marchés captifs. La contractualisation au sein des filières permet, elle, de mobiliser tous les acteurs autour d’objectifs préalablement définis et partagés. Ce schéma-là aussi se distingue de l’intégration pure et simple qui ôte toute autonomie de décision aux producteurs. La contractualisation que je prône permet au contraire à chacun de tirer profit de l’engagement de tous par une juste répartition de la valeur ajoutée, dans un esprit gagnant-gagnant.

C’est donc au travers de la contractualisation, notamment au sein des outils coopératifs, que nous pourrons relever avec confiance les défis et enjeux de la prochaine politique agricole. Son fondement doit reposer sur un engagement réciproque et équilibré de chacune des parties prenantes et s’inscrire clairement dans une démarche résolument positive. C’est une question de volonté. J’y crois fermement. "




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